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PETITE METHODO DE CONCERTATION

  • par Karine Morenville
  • 01 oct., 2022

QUELLE DIFFERENCE ENTRE "FAIRE AVEC" ET "FAIRE ENSEMBLE" ?

Dans le partage des réflexions et de la mise en oeuvre de l’intelligence collective dans les projets immobiliers et urbains, il y a 2 notions qu’il faut bien distinguer et comprendre, car elles n’ont pas du tout le même impact.

 La notion de « faire avec » que l’on pourrait définir comme une volonté d’associer différentes parties prenantes (experts et non experts) dans le choix de solutions proposées. On parle alors « d’atelier collaboratif ».

 Et la notion de « faire ensemble » que l’on pourrait définir comme une volonté d’associer les parties prenantes, d’égal à égal, pour réfléchir, proposer puis décider ensemble. On parle ainsi « d’atelier de co-construction ».

 Les différences tant en termes de développement de l’intelligence collective que de l’appropriation sont notables.

 Le premier a l’avantage d’aller à l’efficacité, les experts réfléchissant en amont sur des propositions et des solutions potentielles, et les parties prenantes généralement « non expertes » donnent leur avis et complètent le propos.

 Le second a l’avantage d’allier experts et non experts. Ces derniers apportent leur savoir-faire, à travers leurs idées, leurs pratiques et aspirations profondes, aidés par les experts qui vont les accompagner dans l’émergence de propositions à impact, en apportant leur propre savoir-faire.

 

Le « faire avec » conserve une hiérarchisation des savoirs et des expertises, les experts conservant la main sur les propositions qui seront choisies et éventuellement complétées par les non-experts. C’est la pratique la plus courante en concertation, parce qu’elle reste rassurante pour les maîtres d’ouvrage et les experts qui conservent ainsi le contrôle des débats et des savoirs.

Et comme elle met en œuvre l’implication des non experts, on a tendance à appeler cette démarche « co-construction », alors que le partage de la connaissance est très infime en n’impliquant généralement que le partage de la décision. Les participants ont généralement une posture assez passive, en se concentrant essentiellement sur la réponse à donner.

 Le « faire ensemble » s’inscrit dans une construction partagée et reconnaît le non expert comme un « sujet » capable de réflexion et d’action, dans une parité dépassant les forces, compétences et savoir-faire du seul expert. C’est une pratique qui se développe et qui nécessite une attention plus forte vers une reconnaissance et une estime réciproque, qui va créer un équilibre dans la relation et dans l’utilisation des connaissances. Les participants sont ainsi pleinement acteurs de leur avenir.

 

Ainsi le « faire avec » considère le savoir-faire des experts comme moteur de la concertation et permet aux parties prenantes de s’appuyer sur ces savoirs pour prendre les meilleures décisions possibles.

 Alors que le « faire ensemble » ouvre à l’intelligence de l’autre en s’appuyant sur la confiance et l’enrichissement mutuel, à la recherche des communs, dans l’authenticité et la création ou renforcement du lien social.

 

Pour les maîtres d’ouvrage et les experts, passer du « faire pour » au « faire avec » est plutôt relativement simple. Mais passer du « faire avec » au « faire ensemble » est un changement complet de paradigme, qui nécessite d’accepter de partager les savoirs et d’imposer la confiance comme socle commun.

« Faire avec » est un premier pas vers la collaboration et la coopération.

 « Faire ensemble », c’est l’occasion unique de s’enrichir mutuellement, de co-construire ou co-concevoir un projet qui sera naturellement et durablement ancré dans son territoire par l’apport de ceux qui vont y vivre. La compréhension, l’appropriation et l’adhésion en seront amplement facilitées. Sans parler de la fierté collective engendrée !



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